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Décès de Michel Kochoyan


La disparition de Michel Kochoyan, à la suite d'un combat d'un an contre la maladie, nous prive tous d'un ami ou d'un collègue respecté. Michel a en effet consacré une grande part de sa carrière à notre bien commun, et son activité a profondément marqué le paysage de la recherche française. Mais avant tout Michel était un chercheur.

Après son doctorat de Biophysique à l'Université Pierre et Marie Curie il entre au CNRS et rejoint le laboratoire de Biophysique de l'école Polytechnique puis part en stage post-doctoral à la Harvard Medical School. Pendant toute cette période il travaille sur la « respiration » de l'ADN, montrant que la molécule d'ADN passe son temps à s'ouvrir et se fermer et que la durée de vie des paires de bases était beaucoup plus courte qu'attendue. A son retour des Etats Unis, au début des années 90, il a rapidement quitté la région parisienne pour Montpellier, où il est l'un des premiers à s'intéresser à la structure des ARN en développant des techniques novatrices permettant leur étude par RMN. Ces travaux lui permettent ensuite d'aborder l'étude des interactions ARN Protéines. Auteur de nombreuses publications dans les meilleures revues, il reçoit, en 2002 la médaille d'argent du CNRS et se voit décerner la même année le prix coup d'élan de la recherche de la fondation Bettancourt.

Michel était un homme qui aimait les défis raisonnés, qui aimait faire sauter les frontières entre les différentes techniques et surtout qui savait donner les moyens aux jeunes chercheurs de travailler en autonomie. Après avoir dirigé le centre de Biochimie Structurale pendant 4 ans il a compris la nécessité pour notre discipline d'une plus grande structuration au niveau national. Au cours de ces dix dernières années, il s'est totalement investi dans cette mission. Il a conçu et mis en place, en 2007 le GIS IBISA destiné à structurer et financer les infrastructures de recherche pour les sciences de la vie, en mutualisant les moyens des principaux organismes de recherche. Son action a permis l'émergence de Plates-Formes de visibilité nationale dans à peu près tous les domaines de la biologie, de la génomique à la biologie structurale, et cette organisation des moyens a largement été à la base de la mise en place en 2011 des infrastructures nationales en biologie santé du Programme Investissement d'Avenir, dont il a été responsable. La même année il est nommé directeur des TGIR au CNRS. Au cours des dix dernières années, les efforts continuels de Michel ont réellement transformé le socle de mesure de la biologie et de la santé en France, et ont donné à l'ensemble des chercheurs accès à des technologies essentielles pour les aspects les plus modernes de leurs recherches.

Nous garderons de Michel Kochoyan le souvenir d'un chercheur brillant, d'un organisateur exceptionnel, complètement désintéressé, profondément humain et plein d'humour, et capable d'une pertinence sans égale dans un spectre extraordinairement large de domaines. Dans un monde de recherche à l'organisation devenue d'une extrême complexité, il nous a montré que l'action d'un seul individu peut, grâce à son bon sens et à ses compétences, engendrer la transformation profonde de l'ensemble du système au niveau national et entrainer l'adhésion de beaucoup sinon tous.

(Michel Kochoyan a toujours soutenu CoReBio et a fait en sorte que nous ayons les moyens (modestes) de notre existence. Nous lui en sommes très reconnaissants.)